Vous êtes à peine en train de vous remettre de votre accouchement, vous commencez à prendre vos marques dans votre nouvelle vie avec bébé. Mais les réveils nocturnes sont difficiles à gérer, vous vous demandez si c’est normal… Le doute s’installe… et, qui plus est, vous entendez quelques phrases plutôt agaçantes…..

“Il ne fait toujours pas ses nuits ?”

Que penser (et que dire) ? 

Mais qu’est-ce que ça veut dire “faire ses nuits” ? Le sommeil évolue régulièrement au fil de la croissance de l’enfant. Voici quelques grandes étapes :

Le nouveau-né (0-2 mois) :

Un nouveau-né dort plus longtemps le jour que la nuit. Un futur fêtard ? Pas tout à fait. Jusqu’à 6 semaines, un bébé peut confondre le jour et la nuit, et sera donc en décalage par rapport au rythme « normal ». Son temps d’éveil sera de moins d’une heure sur 24h. Il se réveille toutes les 2-3h pour boire.

A partir de 3-4 mois :

Le cycle du bébé va doucement s’approcher du cycle circadien, c’est-à-dire dormir la majorité de la nuit et faire des siestes le jour. Dans cette tranche d’âge, il acquiert progressivement toutes les phases de sommeil d’un adulte. Il n’a toujours qu’environ 1h-1h15 d’éveil sur 24h.

Après 8 mois :

Nous sommes en période de maturation, l’enfant va progressivement réussir de mieux en mieux à enchaîner les différentes phases de sommeil. Cependant, chez certains enfants cela n’empêchera pas des réveils nocturnes fréquents ou des difficultés à se rendormir. Et puis, de nombreux facteurs externes vont venir impacter le sommeil : les poussées de croissance (3 semaines, 6 semaines, 9 semaines, 3 mois, 6 mois, 9 mois), les petits rhumes, la sortie des dents, les grandes étapes de motricité et d’acquisition du langage. Il est important de savoir que nos enfants sont en cours d’acquisition jusqu’à au moins 3 ans !

 

“il faut attendre 3 heures avant de lui redonner à manger !”

Que penser (et que dire) ? 

Les hypoglycémies arrivent très vite chez les bébés (chute du taux de sucre dans le sang), notamment car leur poids triple dans leur première année ! C’est la raison pour laquelle un bébé fera plusieurs petites siestes réparties sur les 24h, afin de pouvoir se nourrir et s’hydrater tout au long de la journée.

Toutes les grandes organisations mondiales s’occupant de l’alimentation des enfants (l’OMS par exemple) préconisent une alimentation à la demande, que le bébé soit allaité ou au lait artificiel. Il est important de rappeler pour l’allaitement, que sans stimulation le sein ne produira pas de lait sur le long terme, le bébé sachant cela de manière intuitive, va œuvrer pour sa survie afin d’avoir le lait dont il a besoin.

 

“Tu devrais le laisser un peu pleurer, il va devenir capricieux !”

Que penser (et que dire) ?

Nous faisons partie d’une espèce altriciale. Ce qui signifie que nous naissons très immature et qu’un bébé humain ne peut en aucun cas se débrouiller seul.
Mais que se passe-t-il en lui quand il pleure ? Les battements de son cœur s’accélèrent, sa pression artérielle augmente jusqu’à 135%, son taux d’oxygène diminue. Le taux de sucre dans le sang augmente ainsi que le taux de protéines inflammatoires.

Des pleurs prolongés peuvent mener à de l’aérophagie. Le bébé avale de l’air ce qui va lui causer des douleurs et des problèmes de digestion, le nerf vague (ou pneumogastrique) est alors sollicité. C’est lui qui fait vomir l’enfant quand il pleure trop. Les structures cérébrales chargées du niveau de vigilance maintiennent le cerveau en état d’alerte.

Si le stress dure ou se répète trop souvent, les taux importants de cortisol, hormone du stress, peuvent enclencher une cascade d’effets abîmant le cerveau en développement. Il peut en résulter des problèmes d’apprentissage, de mémoire, d’attention et de régulation émotionnelle.

Laisser pleurer un bébé perturbe aussi la maturation du système endocrinien et altère la réactivité de l’axe hypothalamo-pituitaire-surrénalien. Autant de raisons, pour ne pas laisser pleurer un bébé ! De plus, la maturation de son cerveau, ne lui permet pas de faire de caprice avant l’âge de 6 ans.

«  Entrainer un enfant à ne pas pleurer pourra effectivement l’amener à ne plus pleurer. Mais cela pourra aussi lui apprendre qu’il ne peut espérer aucune aide lorsqu’il en a besoin. Les enfants se sentent beaucoup plus en sécurité si les pleurs déclenchent rapidement et systématiquement une aide adéquate de la part de la personne qui s’occupe d’eux.
Les parents doivent savoir qu’en laissant pleurer leur enfant sans leur accorder d’attention, ils peuvent provoquer chez lui des dommages à long terme. En effet, son système nerveux deviendra anormalement sensible aux traumatismes. » Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau

Comprendre les pleurs de bébé

Lorsque l’enfant pleure, il exprime un besoin surtout dans les 1ers mois de sa vie (cf travaux de Priscilla Dunstan). Or, dû à son immaturité cérébrale, l’enfant n’a pas encore la capacité d’attendre de satisfaire ses besoins. Il est dans l’instant présent : donc pour le bébé, il est important de répondre à ses pleurs de manière rapide et cohérente. Cela lui permettra d’accroître sa confiance en l’adulte et en lui-même et sa capacité par la suite à trouver des solutions par lui-même en imitation des réponses que l’adulte lui aura donné !

 

“Tu as vraiment une sale tête, essaye de dormir plus !”

Que pensez (et que dire ?) : dès l’accueil de l’enfant, la fatigue s’accumule et avec

potentiellement les frustrations, les difficultés. Il est donc important de pouvoir vous reposer quand l’enfant dort (surtout pendant le congé maternité) mais aussi de savoir demander de l’aide quand vous êtes en difficulté. Cela ne fera pas de vous de mauvais parents. Mais au contraire des parents bienveillants qui ont compris l’adage : “Pour être bien avec les autres, il faut être bien avec soi-même”.

Donc n’hésitez pas à confier votre enfant (si c’est possible) à des personnes de confiance. Et de vous prendre quelques minutes/heures de calme, de repos, de shopping, de rendez-vous avec votre amoureux(se). Vous serez d’autant plus dans la capacité par la suite de répondre aux besoins de votre enfant de manière adaptée et cohérente.

 

 

Quelques règles d’or :

  • Pratiquer le cododo : avec un lit collé et à hauteur de celui des parents, mais indépendant, un berceau ou couffin à côté du lit des parents. Le bébé va caler sa respiration sur celle des parents et sera apaisé.
  • Eviter les risques d’étouffement : proscrire les oreillers, gros doudous, tour de lit.
  • Coucher bébé sur le dos dans une gigoteuse/turbulette adapté à sa taille.

  • Maintenir la température de la chambre entre 18 et 20°.

  •  Aérer la chambre quotidiennement.

  • Après un biberon/une tétée, veillez à attendre quelques minutes pour coucher bébé après qu’il ait fait son rot.

 

Article rédigé par Ensemble pour l’Education de la Petite Enfance 

Sources :

Dormir sans larmes, les découvertes de la science du sommeil de 0 à 6 ans, Dr Rosa José
Podcast : La Matrescence 
Ne pleure plus bébé, Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau